L’amnésie sensorimotrice

L’amnésie sensorimotrice

Définition

Voici comment Thomas Hanna, son découvreur, définit l’amnésie sensorimotrice (Somatics Pages xii et xiii de l’édition 1988 – Da Capo Press) :

« […] durant le cours de nos vies, pour faire face aux stress quotidiens et aux traumas, nos systèmes sensorimoteurs réagissent continuellement par des réflexes musculaires spécifiques. Ces réflexes, déclenchés de manière répétée créent des habitudes de contractions musculaires qui ne peuvent se relaxer volontairement. Ces contractions musculaires sont devenues si profondément involontaires et inconscientes que, finalement, nous ne nous rappelons plus comment nous mouvoir librement. Il en résulte de la rigidité, des douleurs musculaires et une amplitude de mouvement réduite.

Cet état habituel d’oubli est appelé amnésie sensori-motrice (ASM). C’est une perte de mémoire concernant la perception et le contrôle de certains groupes musculaires. Et, parce que cela se passe au sein du système nerveux central, nous ne sommes pas conscients de ce phénomène qui pourtant nous affecte au plus profond de nous (Le terme employé en anglais est le mot “core” que l’on traduit par centre, axe, cœur, ou même âme et que j’ai rendu ici par « au plus profond de nous ». P.L.). L’amnésie sensorimotrice va diminuer profondément la manière dont nous nous percevons, ce que nous pouvons expérimenter et ce que nous pouvons accomplir. C’est principalement ce phénomène et ses effets secondaires que nous pensons être à tord « vieillir ».

Mais, l’amnésie sensorimotrice n’a rien à voir avec le vieillissement.

[…] Les réflexes qui sont à l’origine de l’amnésie sensorimotrice sont très spécifiques. Il y en a trois et je les ai nommés le réflexe feu vert, le réflexe feu rouge et le réflexe de trauma. Ils forment le cœur de l’ASM et réunissent les découvertes capitales de Hans Selye et de Moshe Feldenkrais. »

Page 40 :

« Devenir adulte signifie que nous n’avons plus à faire les choses que nous faisions enfant. Les enfants courent, mais les adultes marchent. Les enfants grimpent, mais nous prenons l’escalator. Les enfants traversent les buissons alors que nous les contournons. Les enfants se mettent sur la tête pour faire le poirier quand nous nous asseyons sur nos fesses. Les enfants roulent au sol alors que nous nous retournons sur nos matelas. Les enfants sautent de haut en bas, tandis que nous haussons les épaules de haut en bas. Les enfants rient avec joie, mais nous sourions avec retenue. Les enfants sont exubérants alors que nous sommes précautionneux. Les enfants doivent s’amuser alors que nous souhaitons la sécurité.

En résumé, devenir un adulte accompli signifie de cesser d’agir comme un enfant. Le signe habituel de l’état adulte et de cesser de se comporter comme un jeune. Cependant cette conception de l’âge adulte a un résultat inévitable : dès que nous cessons d’utiliser ces actions, nous en perdons l’usage. Nous les perdons car notre cerveau, organe hautement adaptatif, s’adapte à ce manque d’activité. Si certaines actions ne font plus partie de notre inventaire comportemental, notre cerveau les éradique. En un mot, il oublie. Concrètement, le ressenti quotidien de ces actions et la manière de les exécuter s’évanouit et la résultante en est l’amnésie sensorimotrice. »

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